Entre enfer et Paradis

Nous avons fait une escale sur cette petite île italienne qui se situe entre Malte et la Tunisie. Nous resterons une nuit au mouillage qui a la réputation de ressembler aux Caraïbes. L’atmosphère y est très étrange. La baie, magnifique, est occupée par des familles italiennes, profitant de leurs vacances. En opposition, sur les rochers aux alentours, des africains coiffés de leurs bonnets, regardent l’horizon d’un air hagard.

Lampedusa est en effet connu pour être un point d’entrée important de l’immigration clandestine vers l’Europe. Plus d’une centaine de milliers d’immigrants arrivent chaque année à Lampedusa. Ils viennent notamment de Syrie, d’Érythrée, de Somalie, du Soudain, et plus récemment de la Lybie et de la Tunisie. Embarqués par dizaines dans de vieux rafiots, plusieurs milliers meurent durant la traversée.

Toute l’après-midi, la garde de côte n’a cessé ses allers-retours entre la mer et le port, les hélicoptères ont quadrillé le périmètre et la guardia finanziaria a barré l’entrée du port. Bref, nous nous sentons très inconfortables dans notre beau bateau au milieu de la baie, regardés par ces pauvres gens dont l’avenir semble peu prometteur. Nous décidons donc de partir et de rejoindre la Tunisie au plus vite.

Bien que la mer fut clémente et que nous avons fait une belle traversée, c’est un peu la peur au ventre que nous avons fait nos quarts en espérant ne pas croiser de ‟boat-people”. Nous arriverons en Tunisie en ayant seulement croisé sur notre route beaucoup de bateaux de pêcheurs.