24 mars 2018, nous quittons le mouillage des Perlas pour notre traversée vers le Pacifique. Nous sommes très fébriles à l’idée de quitter les Caraïbes. Nous avons entrepris ce voyage principalement afin de découvrir la Pacifique. Au bout de trois ans de voyage nous avons hâte d’atteindre notre but.

Début au moteur afin de faire le plein d’eau avec le dessal, puis nous montons le spi afin de profiter d’une petite brise de dos. Navigation de rêve. Nous avons l’impression d’être au mouillage bien que nous avancions quand même à 5-6 noeuds. Des centaines de pélicans s’envolent lors de notre passage et nous guettons l’horizon dans l’espoir de voir une baleine. Nous avons eu la chance dans voir deux entre Panama city et les Perlas, de même que de dizaines de dauphins et avons même pêché 3 thons. Le Pacifique nous sourit !

À la nuit tombée, nous apercevons au loin plusieurs bateaux de pêche. Ils sont loin et les guettons du coin de l’oeil. Lorsque surgit les lumières d’un bateau à seulement quelques mètres de nous. Il n’a pas ses feux de navigation. Nous ne savons donc même pas dans quel sens il va. Il nous coupe la route et avons a peine le temps d’allumer le moteur pour éviter la collision.

25 mars, nous sommes sous spi afin de garder une bonne vitesse, mais la drisse frotte en haut du mat et à moins d’aller voir ce qui se passe, nous n’avons d’autre choix que d’affaler le spi. Si la drisse casse, cette immense voile va se retrouver à l’eau et des milliers de litres vont s’engouffrer dedans. Une vraie galère à sortir!

27 mars, c’est pétole, il n’y a à peine 5 noeuds de vent, nous avançons péniblement à 3 noeuds avec le spi. Avec le peu de vent qu’il y a, même si la drisse casse, nous n’aurons aucun mal à récupérer le spi à la mer.

J’ai dit aux filles que nous allions faire un peu d’école ce matin et depuis elles se font discrètes et se planquent dans leur cabine.

Les filles ont commencé leur quart, nous leur avons donné celui après déjeuner. Ça les occupe, les responsabilise et nous permet d’être un peu tranquille. Cela fait 3 jours que nous n’avons pas vu un bateau, c’est à peine si nous jetons un coup d’oeil de temps en temps.

29 mars, nous sommes au près depuis deux jours, mais au moins nous avançons. Nous avons également des visiteurs, des oiseaux squattent notre bateau et se soulagent volontié sur notre pont en attendant d’attraper les poissons volents qui fuient sur notre passage! Ils n’ont pas vraiment peur de nous et le soir, ils sont 6-7 a passer la nuit accrochés à la filière.

31 mars, Nous approchons des Galápagos. Malheureusement, nous ne ferons qu’effleurer ce jardin d’Éden. Les demarches administratives et le coût qui avoisine quand même 2000$ pour quelques jours de visite sur une zone seulement ont carrément stoppé notre élan de découverte.

Cette journée est importante pour nous, puisque nous venons de traverser l’équateur et que nous naviguons maintenant dans l’hémisphère sud! La tradition veut que l’on souligne se passage en trinquant, et comme nous ne voulons pas nous attirer de mauvais augures, nous nous sommes appliqués à respecter la tradition !

Cela fait une semaine que nous avons quitté les Perlas au Panama et la navigation se passe très bien. Nous avons parcouru 800 miles. Le vent est parfois un peu faible et nous devons compenser par le moteur, mais la mer est très calme et nous vivons comme au mouillage: école, cuisine, lavage et nous regardons même un film tous les soirs, histoire de nous occuper un peu. Pour l’instant personne ne s’ennuie.

3 avril, cela fait plusieurs jours que nous avons peu de vent et nous avons du mal à avancer. À certains moment le vent est tellement inexistant que nous enlevons les voiles et faisons du sur place, ballottés par les vagues. La météo est très capricieuse, le ciel est gris et il pleut par intermitence depuis deux jours. Nous n’avons pas assez d’essence pour sortir de cette zone et essayons de parcourir les 200 miles qui nous séparent des alizées. Le moral commence à baisser car il n’y a pas de vent annoncer avant samedi… Encore 3 jours de pétole à subir le rythme imposé par la mer et les grins.

4 avril, la gaine exterieur de la drisse de spi a fini par casser, mais nous avons eu le temps de descendre la voile avant qu’elle ne finisse dans l’eau. Le vent s’est légèrement levé en fin d’après-midi et nous pouvons enfin avancer. Nous avons comme un sentiment de liberté et de soulagement.

7 avril, nous sommes partis depuis 2 semaines et il nous reste 2484 milles à parcourir. Nous avons enfin atteint les alizés, la mer est plus agitée, mais il y a aussi plus de vent. Si nous maintenons la même allure, nous devrions arriver dans 16 jours.

Hier, nous avons pêché une petite coriphène qui a bien agrémenté notre souper. Pour l’instant, les menus restent varés, il nous reste encore des fruits, des légumes frais et des conserves de viande que j’avais préparés avant de partir.

10 avril, nous sommes à mi parcours et il nous reste donc 1950 milles environ à parcourir. Nous devrions arriver dans 13 jours. Ce soir je vais sortir un jambon fumé que je cache depuis les Canaries et que je gardais en prévision de cette traversée.

Le moral est au beau fixe, il n’y a pas encore eu de mutinerie à bord et personnellement, je trouve cette traversée moins dure que celle de l’Atlantique, même si c’est beaucoup plus long. Notre routine est toujours la même. Lecture et jeux le matin, petite sièste en après-midi, école et ensuite les filles jouent à la tablette. Elles ne se sont toujours pas plaintes d’ennui ou du besoin de sortir du bateau. Petite nouveauté et non des moindre, nous arrivons à pêcher une petite dorade coriphène par jour. Nous avons du modifier notre ligne pour mieux la voir et y avons attaché des pièces en inox afin de nous avertir d’une prise. Cette inovation a été motivée par la perte de deux rapalats faute d’avoir vu la prise et le fils de la canne à pêche c’est prise deux fois dans l’éolienne.

11 avril, il est presque 19 heures et nous venons de nous mettre devant un film, lorsque le branle bas de combat commence. Un poisson à modu et il est de taille! Impossible à remonter, Steph réduit la voilure afin de nous ralentir. Au bout de 30 mn de va et vient, nous remontons un superbe thon rouge d’au moins 10 kg. Je commence à le préparer à la lampe électrique, entre les vagues et le poisson qui glisse sur le pont, la tâche n’est pas des plus simple. Nous aurons a manger pour les 5-6 prochains jours!

13 avril, Steph se lance dans la préparation d’un pain… Pour une première, le résultat n’est pas mal!

16 avril, un groupe de dauphins de risso vient de passer quelques minutes magiques à côté de notre bateau! Ces dauphins ressemble à de petites baleines et n’ont pas de nez pointus.

17 avril, nous avons parcouru les 3/4 du trajet, on commence a regarder le nombre de miles restant tous les jours. Même si ça se passe bien, nous avons hâte d’arriver. Nous sentons nos muscles plus faibles par le manque d’exercice. Le vent s’était calmé les deux derniers jours, mais il a repris aujourd’hui et nous espérons arriver dans une semaine.

Nous avons relancé la ligne de pêche hier, nous avions arrêté de pêcher le temps de manger l’énorme thon attrapé la semaine précédente. Nous sommes contents d’avoir changé un peu les repas car nous commencions à en avoir assez du thon rouge qui ne s’accommode pas en des plats très diversifiés. Au bout de 4 jours, midi et soir de sashimi de thon, nous avions envie d’autre chose! Je rêve depuis quelques jours, voir semaines, d’une bonne tartine de camembert ! Surtout que Steph nous fait du pain qu’il réussit de mieux en mieux.

20 avril, nous sommes à 400 miles de notre destination, plus nous nous approchons du but et plus nous avons hâte d’arriver…3 jours encore!

23 avril, nous sommes à 30 milles des côtes. Cloé commence à montrer de l’impatience et Steph peste contre notre lenteur. Les dernières heures nous semblent interminables surtout que le vent n’est pas vraiment de nôtre côté et faiblit à mesure que nous approchons. À croire qu’il ne veut pas que l’on arrive. L’interieur du bateau est rangé et le champagne est au frais…il ne nous reste plus qu’à arriver!

À 16h30, heure locale (utc-9h30), nous voyons pour la première fois la terre promise, l’ombre d’une montagne qui tombe dans la mer. Les filles abandonnent leur tablette pour decouvrir ce spectacle tant attendu. Nos cris de joie sont salués par une dizaine de dauphins qui nous entament leur dans féerique à la proue d’Esploristo.