La Dominique nous a réservé beaucoup de surprises et pas toujours les meilleurs. Déjà pour y arriver nous avons dû passer par une mer agitée et du vent beaucoup plus fort que prévu. Nous sommes passés de 10 à 35 nœuds en quelques minutes. C’est l’effet venturi provoqué par l’étranglement entre deux îles. Bref, nous sommes arrivés bien secoués.

Nous étions à peine en vue de Roseau qu’un rabatteur est venu nous chercher pour nous attacher aux bouées. Nous n’avons pas bien compris pourquoi car il est interdit d’ancrer, il aurait tout aussi bien pu attendre que l’on soit le nez sur la bouée! Le prix d’une nuit à la bouée est de 35$ Caribéen soit environ 10 euros. Ça ne vaut pas plus, vous lirez pourquoi à la fin de ce récit. D’ailleurs nous partirons sans payer.

La Dominique est vraiment différente de la Martinique. Les paysages sont encore plus verts, la capitale encore plus petite et le rythme encore plus lent. Nous ne sommes jamais allés en Jamaïque, mais c’est un peu l’image que la Dominique nous a fait. Indépendante, la Dominique n’est pas très riche, ne nombreuses habitations sont des cabanes en bois, il y a une forte consommation du cannabis et un esprit rasta présent partout. Nous avons rencontrés que des gens sympathiques. Nous avons cependant trouvé qu’avec les filles, les gens sont toujours plus avenants que lorsque nous sommes juste Stef et moi.

Roseau est une jolie petite ville. Beaucoup plus agréable que Fort de France. Bien que très rustiques et plus pauvres, les maisons du centre-ville sont colorées.

Je voulais venir en Dominique pour sa nature, il y a de nombreuses cascades, dont la Trafalgar Falls où nous avons même pu nous baigner dans des bassins naturels, il y a beaucoup de sources d’eau chaude, des paysages naturelles fantastiques et bien sur de belles randonnées.

Nous avions prévu de faire plusieurs randonnées pour voir des cascades depuis Roseau, mais une malédiction, peut être celle de Jack Saprow, a déjoué nos plans.

Un matin très tôt, Stef se fait réveiller par des cris demandant de l’aide. Il se lève, mais ne voit rien. Quelques minutes après il retourne voir dehors. Un bateau était en train de s’échouer. La manille que retenait une amarre au socle de la bouée avait cédée et à 4H30 le bateau était sur les rochers. Nous n’avions pas notre moteur sur l’annexe et de toute façon, elle n’aurait pas été assez grosse pour sortir le bateau de l’eau. Un ami d’un autre bateau est venu nous chercher pour que Stef essaie de les aider et moi parler à la femme américaine qui était sous le choc. On a donc habillé vite fait les filles et on les a amenées sur le bateau ami. Il faudra plusieurs heures  et s’est grâce à un bateau de pécheur qu’il sera remis à l’eau. Malheureusement, le bateau a subi des cases et des voix d’eau. Ils devront se rendre au plus vite à Fort de France pour sortir le bateau et faire les réparations. Nous les avons aidés dans la logistique et la communication avec la capitainerie de Fort de France qui bien sûr ne parle pas anglais.

Nous étions un peu tous chamboulés et notre journée un peu rognée. Nous avons quand même tenté de partir faire une randonnée, en nous disant que malgré les événements du matin, il serait étonnant que cela se reproduise dans la même journée. Mais entre les démarches d’entrée en Dominique (que nous n’avions pas encore faites) et les péripéties du matin, il ne nous restait pas assez de temps pour partir. D’autant plus que le bus ne partait que plein et qu’il y avait peu de personnes à attendre. Nous avons donc juste fait un tour dans Roseau et le jardin botanique qui offre un magnifique point de vue sur la baie.

En arrivant à l’annexe, nous voyons que les gars des bouées s’affairent sur le bateau de nos amis, la manille avait, elle aussi, cassée et en même temps, nous voyons que notre bateau n’est plus à la même place. La houle du nord, pourtant pas si importante, et qui entrait dans la baie avait soulevé le pneu rempli de ciment qui nous retenait et nous avions bougé sur 20 mètres. Stef a du plonger pour démêler notre amarre qui s'était enroulée sur l'anneau. Il s'est alors aperçu que le nœud qui tenait le flotteur au reste du système d'ancrage était prêt à se détacher. À quelques minutes près, c'était nous qui étions dans les rochers. En moins de 15 minutes, le bateau était près et nous avons mis les voiles sans payer. Pas question de rester une minute de plus accrochés à ces bouées. Nos amis sont partis en même temps que nous et nous nous rendons ensemble à Portsmouth un peu plus au nord.