Il y a à peine un an et demi nous ne savions même pas naviguer et le 8 décembre 2016, nous avons levé l’ancre pour la traversée de l’Atlantique, autant dire que nous étions fière et fébrile, mais pas vraiment stressé puisque nous venions de faire 8 jours sans arrêt et que ça c’était bien passé.

Nous avions lu plusieurs blogues qui vantaient une traversée facile, durant laquelle les gens vivaient normalement à faire des gâteaux, de la pizza et des jeux. Nous avons eu une expérience bien différente et mes 15 kg de farine pour faire des gâteaux n’ont servis à rien!

Donc voici ci-dessous et sans crémage le récit de notre notre traversée.

Notre routine

Nous avons opté pour des quarts de 3 heures, mon premier commençant à minuit. Nous arrêtons le roulement des quarts dans la journée. Donc de minuit à 3 heures, j’étais de veille, de 3H à 6H c’était stef et je reprenais à partir de 6H. Les filles se levaient généralement vers 7H30 donc jusqu’à 21h ont était généralement sur le pont à somnoler de temps en temps. Le soir vers 19H nous regardions un film après soupé.

Habituellement, les gens mettent un réveil toutes les 20-30 minutes afin que celui qui est de veille fasse une vérification. Nous avons opté pour une organisation plus laxiste. On dormait durant notre période de veille et si on se réveillait on jetait un coup d’œil aux alentours. Cela arrivait généralement 1 à 2 fois par période de quart. On s’installait dans le cockpit sur des coussins avec un duvet pour les petites fraîcheurs nocturnes. L’autre était dans notre chambre à l’avant du bateau. Nous avons croisé 4 bateaux sur 14 jours (ou peut être plus, mais nous ne les avons pas vu!), autant dire que nous n’étions pas très inquiets et bien qu’il ne faisait pas froid, c’était à chaque fois une torture de s’obliger à se dégager du duvet pour jeter un coup d’œil à l’horizon. Nous avons tenu cette organisation jusqu’à ce qu’en pleine nuit, une vague rentre dans le cockpit et Stef se retrouve complètement trempé. Ensuite nous dormions dans le carré.

Nous dormions généralement mieux dans le cockpit ou le carré durant notre quart que dans notre cabine située à l’avant du bateau. Notre cabine est la première partie du bateau à pénétrer dans l’eau. Imaginez donc le bruit que peut faire le bateau perçant la mer avec des vagues qui frappent la coque de chaque côté. C’était parfois presque effrayant. La coque ne doit pas faire plus de 2 centimètres et lorsqu’on la touche il est possible de sentir la puissance des vagues s’écraser contre nous.

La mer

On nous avait parlé de cette traversée en nous vantant la facilité et la houle dans le dos, parfois même pétole qui donne au navigateur quelques jours de repos. Personne ne nous avait parlé des vagues croisées et du bateau qui roule. C’est un peu comme un accouchement, on vante la beauté de la chose, mais personne ne parle des hémorroïdes!

Les alizés étaient pourtant établis, mais nous n’avons jamais eu cette belle houle tant attendu. Nous avons des vagues venant de tous les côtés poussant alternativement le bateau d’un côté puis de l’autre. Elles ont atteint parfois même 5 mètres et se sont déversées dans le cockpit, mouillant au passage cousin et duvet, car bien sur les plus grosses sont la nuit quand on ne voit rien! Nous nous sommes sentis pendant 14 jours comme une balle de flipper. À être frappé à droite, frappé à gauche sans jamais s’arrêter.

Nous avons vécu au ralenti pendant toute cette traversée. Toujours plus ou moins avachi en attendant que la journée passe et que l’on se couche pour de bon.

Les filles

Les filles ont été formidables. Contrairement à d’habitude, elles ont été calme… et ce, pendant 14 jours! Elles n’ont quasiment jamais quitté l’intérieur du bateau car elles ne voulaient pas mettre leur gilet de sauvetage. Les chances de retrouver un homme à la mer durant la traversée sont extrêmement minces donc un enfant, plutôt oublier.

Elles s’occupaient à des jeux simples souvent assises par terre, voire même allongée. La tablette a beaucoup aidée à les occuper les dernières journées.

Les repas

J’avais beaucoup plus que nécessaire pour cette traversée. J’avais préparé des conserves de ragoût de porc, de rougaille saucisse, de chili et de poulet. À noter que le poulet en conserve c’est immangeable, nous l’avons jeté aux poissons! J’avais des fruits et légumes frais pour la première semaine et des conserves pour la deuxième.

Nous avons également péché un beau thon et une grosse coryphène qui ont agrémenté notre régime pendant quelques jours. Nous n’avons pas beaucoup pêché car pendant plusieurs jours nous n’avons même pas mis la ligne à cause de la mer trop agitée. Je ne me voyais pas sortir et éplucher un poisson avec des vagues de 4 mètres dans tous les sens. Nous avons aussi cassé plusieurs lignes à cause de gros poissons.

Enfin arrivés!

Les côtes Martiniquaises nous sont apparues sous un mur de pluie avec des rafales à 40 nœuds. Je suis rentrée avec les filles dans le bateau et l’on a tout fermé. Stef est resté à barrer. Après tout c’est lui le capitaine.

Stef et moi étions très fébriles à l’approche de la terre ferme. Les filles tant qu’à elles n’ont démontrée aucun enthousiasme. Elles auraient probablement fait 2-3 jours de plus sans rien dire. Nous, nous en avions ras le bol!

Nous avons posé l’ancre dans la baie de Sainte Anne, dans le sud de la Martinique et contrairement à ce que l’on pourrait penser, nous n’avons pas posé le pied à terre avant le lendemain.

Bilan

2100 miles parcourus soit environ 3800 km en 14 jours à une vitesse moyenne de 6.25 nœuds. Aucune casse si ce n’est le support du pilote que Stef a dû renforcer durant la traversée. Deux poissons pêchés et plus d’une trentaine de poissons volants échoués sur notre bateau dont plusieurs dans le davier retrouvé seulement à l’arrivée… bonjour l’odeur!

Nous sommes fières de notre accomplissement. Il nous faudra plusieurs jours pour nous en remettre!