Nous sommes arrivés le 23 avril au soir dans notre premier mouillage du Pacifique sur l’île de Fatu Hiva au sud-est de l’archipel des Marquises. Après 30 jours en mer, nous sentons dans l’air, une légère odeur de forêt, mais nous ne découvrirons le paysage qui nous entoure que le lendemain.

L’exitation de voir enfin cette terre tant attendue me lève à 5h30. Je suis tellement subjuguée par les montagnes qui m’entourent que je ne peux même pas retourner me coucher. Je me delècte de ces montagnes qui tombent à pic, des palmiers accrochés aux falaises et des chèvres qui s’aventurent sur les pentes escarpées. Initiallement appelée la baie des verges du fait des formations rocheuses autour de la baie, les religieux, choqués par ce nom, l’on changé pour la baie des verges…

La descente à terre a été semée d’embûches… L’annexe a gonfler mais avec le vent, impossible de le faire sur le pont, Stef a du la gonfler directement dans l’eau. Ensuite le moteur était impossible à dévisser de son support. Stef a mis au moins 1 heure à le détacher à cause du sel et de la rouille. Bref, nous avons pu enfin aller dans le village vers midi. Tout le monde était rentré chez soit et nous n’avons vu personne. Nous avons quand même fait le tour du village qui rassemble 300 âmes. Le village est coincé entre les falaises, les maisons sont de bois et généralement bien entretenues. Il y a beaucoup de fleurs et de fruits. Les jardins regorgent de pamplemousses, citrons et mangues. À l’extrémité du village, la première femme que nous rencontrons nous propose des bananes. C’est donc armée d’une machette qu’elle coupera l’arbre pour récupérer le régime. Elle nous offre ensuite des ignames (racine qui fait office de pomme de terre). Pour cela, elle s’attaque à son jardin à coup de bêche. Elle arrache un premier arbuste, mais aparament, ils ne sont pas prêts. Elle s’attaque donc à un autre arbuste et en sort des racines que nous préparons selon ses conseils. Nous ne nous attendions pas à ce qu’elle retourne son terrain pour les ignames. En échange elle nous demande de l’alcool, ce que nous refusons car il y a de gros problèmes de violence en Polynésie à cause de l’alcool, elle penchera alors pour des vêtements.

Les marquisiens sont très accueillants, la discusion se fait facilement, et ils offrent des fruits de leur jardin. Parfois, il y a des échanges. L’argent n’a pas le même sens ici, les locaux troquent de tout contre de tout. Sur l’île, qui est composée de deux villages, il n’y a pas de banque, aucun magasin si ce n’est deux supérettes, donc tous les achats se font depuis les îles voisines ou depuis Tahiti et les livraisons se font quelques fois par mois. Il est donc facile d’échanger une corde contre un souper chez l’habitant, un paquet de cigarette contre un poisson, les hameçons contre des fruits par exemple. On fait donc du troc!

De quelques bateaux au mouillage, nous passons à une quinzaine. C’est la haute saison et les navigateurs qui ont traversé le Pacifique s’arrêtent généralement sur cette île. Nous retrouvons des amis et les apéros se multiplient.

C’est les yeux pétillants que Léa a regardé la petite école d’Hanavave. Nous avons donc rencontré la diretrice qui est aussi la maitresse et au bout de trois minutes à peine, les filles étaient admises à l’école pour quelques jours. Léa n’a jamais fréquenté d’école et Cloé a juste fait la grande section de maternelle. À peine ai-je mis le pied dans la cabine de Léa, le premier jour de classe, qu’elle était habillé et déjà devant son petit-déjeuner. L’école accueille une trentaine d’élèves de la maternelle au CM2 repartis en deux classes. Les filles ont donc été séparées pour la première fois en trois ans. Cloé a adorée, mais notre belle Léa ne voulait déjà plus y retourner au bout de 3 jours. Elle aurait préféré rester au bateau à faire deux heures d’école par jour plutôt que d’être assise en classe pendant 7 heures.

Les enfants ne se retrouvent pas dans le village après l’école. Ils restent à la maison. Seul un garçon de l’àge de Cloé nous retrouvait pour jouer au football. Une copine de classe a également voulu venir au bateau. On est allé demander l’autorisation de sa mère, mais sur le chemin du petit port, la petite nous a fait faux bon, elle devait avoir peur.

Il n’y a pas de collège sur Fatu Hiva. Ainsi, les enfants à partir de 12 ans partent sur Hiva OA ou sur Tahiti pour la suite du cursus scolaire. Ils ne reviennent que pour les vacances et restent dans le cadre de l’école toute l’année même le week-end. Certains vont dans de la famille.

Nous avons fait de belles randonnées sur l’île. C’est montagneux et cela nous permet de remettre nos jambes en forme après cette longue navigation.

Nous retiendrons de Fatu Hiva les délices de la table. Nous avons fait un repas gargantuesque chez l’habitant. Au menu, grillade de porc, saucisses et poulet, carangue crue marinée et carange grillée et du thon pourri…selon leur appellation ! C’est la sauce qui en fait est pourrie, puisqu’ils font fermenter de l’eau de mer pendant plusieurs semaines et mettent le thon cru en marinade au moment de servir. Pour être honnête, ça porte bien son nom. On a vu, on a connu, mais on ne goûtera plus.

On a organisé aussi un four polynésien. La viande de porc et de poulet (il peut aussi y avoir de la chèvre), et les bonnanes sont cuites longtemps dans un trou dans le sol, qui a, au préalable, été chauffé par un grand feu.

Nous quittons cette première île au bout de 10 jours afin de rejoindre Hiva OA et y faire l’immigration.