Nuku Hiva est la deuxième plus grande île de Polynésie française après Tahiti. Avec environ 2600 habitants, autant dire que la densité est faible. Taiohae est la capitale et nous espérons y trouver des batteries. Taiohae n’est pas beaucoup plus grande que Atuana, et ce village encaissé dans une vallée n’est pas très animé. Il y quelques supérettes dont l’achalandage dépend des livraisons de l’Aranua toutes les 3 semaines, un centre d’artisanat et 2-3 restaurants mais toujours pas de petites paillotes avec une bière bien fraîche….

Nous sommes arrivés juste au moment de la foire agricole, qui regroupe quelques kiosques de fruits et légumes et d’artisanat local…avec notamment beaucoup de parures avec des perles de cultures. Nous pensions y voir au moins quelques animaux, mais les seuls que nous verrons baigneront dans le lait de coco…un vrai délice. Entre la chèvre et le poisson cru, tout est littéralement immergé dans le lait de coco. Les portions sont tellement énormes que même Stef n’a pu manger que la moitié… Pas étonnant qu’il y ait un gros problème d’obésité aux Marquises.

Nous trouvons finalement nos batteries grâce à une « boutique » du port. Un américain du nom de Kevin, tient un boui-boui sous le nom de yacht services (services aux bateaux). Entre livres d’occasion, paréos et esquimaux, il aide d’une manière peu aimable les quelques plaisanciers qui auront le courage de passer sa porte. Avare autant de conseils que du porte monnaie, il ne nous présente pas d’alternatives et fait venir nos batteries de Tahiti. Au moment de partir notre ancre arrière est resté coincé et je dois plonger pour voir ce qui se passe. Il a beaucoup plût ces derniers jours et l’eau est brune, on ne voit rien à un mètre… Pas rassurant quand on pense aux requins qui ont élu domicile dans la baie! C’est à bout de souffle que je décris à Stef notre mauvaise posture… Il n’aura pas le choix de plonger à son tour.

Nous quittons Taiohae pour la baie du contrôleur où nous sommes accueillis par un ballet de raie qui dansent à notre proue. Nous faisons des tours dans la baie, incapable de se détacher de ce spectacle saisissant. L’eau au fond de la baie est par contre encore plus marron et sombre que la précédente. Cette fois même si l’ancre est bloquée, je ne plonge pas!

Nous marchons jusqu’à une cascale poursuivit par les moustiques qui se jettent sur nous comme si nous étions leur dernier repas. Ils ne nous laissent même pas le temps de manger un bout. Au retour, nous nous arrêtons dans le village. Un boeuf est pendu à un arbre et se fait découper à coup de hache et de machette…un bel exemple de boucherie locale. Apparement, le boeuf venait trop souvent dans le village s’encoquiner avec quelques bovines de charme! Nous restons à regarder ce spectacle peu réjouissant et en profitons pour faire le point avec les filles sur le système de digestion des ruminants…il faut bien faire de l’école de temps en temps. Le boeuf est partagé par le propriétaire qui nous offre un morceau du filet. Le sens du partage et de la générosité des marquisiens ne cesse de nous étonner.

Prochaine étape, la baie d’Anaho au nord est. Belle et grande baie, mais entourée d’un massif coralien qui rend l’ancrage gallère. Cette baie donne sur un minuscule village de quelques maisons construites le long d’une belle plage. Certaines nous semblent être de cabanes de rangement, mais nous nous apercevons rapidement que des familles habitent ces maisons branlantes où les chambres, la cuisine et le salon sont en plein air. L’abri de tôle sert à stocker leurs quelques misérables possessions et à s’abriter en cas de pluie.

Une marche de deux heures quasiment à quatre pattes à ramasser des graines rouges qui si on arrive à les percer feront de très jolis colliers nous mène à Hatiheu. Le retour sera plus rapide mais encore chargé de fruits que l’on nous a donné en chemin.

Nous sommes invités un soir à fêter le départ de plaisanciers Espagnols. La moitié des hommes du villages sont présents. Généralement, les femmes ne viennent pas. Elles restent à la maison à garder les enfants. Et d’après nos observations, les couples ne partagent pas beaucoup d’activités mis à part celle de la couche. Les filles sont restées au bateau et nous passons une bonne soirée. Les occasions de faire la fête sont beaucoup moins fréquentes que dans les caraïbes et les apéros sont rares.

Dans la baie d’Hakaehu, au nord ouest, nous avons sympatisé avec les trois-quart du village de Pua…bon, il y a quatre maisons, mais quand même ! À peine arrivés sur la plage que Germain nous offre du poisson. Et le lendemain, après une belle marche dans les autres vallées, nous sommes invités à souper. Il nous laissera également cueillir des citrons en prévision des Tuamotu. Nous pressons 8 litres. Il parait que c’est une denrée rare là-bas et donc un bon cadeau à donner en cas d’échanges. Nous avons également revu la famille de Roberto que nous avions rencontré à Hatiheu. Cette fois, on repart les bras chargés d’une langue de boeuf et d’un beau morceau du filet. Ils sont très étonnés de savoir que nous mangeons la langue.

Nous repartons à pieds à la baie de Hakaea où nous avons passé l’après-midi à jouer dans les vagues et servi d’en-cas aux nonos.

Cela fait déjà deux semaines que nous repoussons la date de départ des Marquises et c’est à contre coeur que nous quittons la baie de Hakaehu. Même si elle n’est pas extraordinaire, la simplicité et la gentillesse de ses habitants vaut toutes les plages de sable blanc.

La baie de Haahopu n’est pas habitée, des gens viendront camper pour le weekend, mais nous ne les verrons pas. Cette baie était le point de passage pour ce rendre à l’aéroport. Il fallait donc partir en mer avec un petit bateau pour arriver dans cette baie, crapahuter sur un ponton fixe et partir sur un chemin de terre jusqu’à l’aéroport. Heureusement, depuis quelques années, une route qui traverse Nuku Hiva a été construite.

Dernière étape dans les baies de Nuku Hiva à Taioa. Nous éviterons de nous baigner dans cette eau sombre, mais faisons de belles rencontres parmi les plaisanciers… Que des familles avec de très jeunes enfants. Cette baie est connue pour sa cascade, mais les habitants de la vallée se sont organisés pour rendre le chemin payant et comme l’Office du tourisme nous avait informé que cela ne valait pas le coût, nous n’y sommes pas allés ce qui a un peu frustré un homme qui n’a pas compris que nous avions fait des dizaines de rando sans payer alors pourquoi débourser si en plus cela n’en valait pas le coût! Nous avons quand même mangé chez l’habitant, mais cette rencontre fut très décevante par rapport à la gentillesse des marquisiens en général. Le repas était vraiment très moyen et les fruits que nous avons acheté en prévision des Tuamotu (60 pamplemouses, 3 regimes de bananes, 20 grosses mangues 4 papaye et 6 avocats) étaient, en partie, immangeable.

Nous irons à Taiohae quelques jours avant de partir pour les Tuamotu. Et, afin de completer notre découverte des Marquises Stef aura le temps d’attraper des amibes et de faire la visite de l’hôpital.

C’est avec un pincement au coeur que nous quittons les Marquises.